Air Sénégal : le trou de 10 milliards qui explique la fermeture des vols vers l’Afrique centrale

Récemment, Air Sénégal a annoncé la fermeture de la ligne Dakar-Cotonou-Douala-Libreville-Dakar. La décision a créé la surprise tant ces vols sont considérés comme les plus fréquentés après ceux de Dakar-Paris-Dakar.

Quelques chiffres permettent de comprendre les réserves exprimées après l’annonce de cette décision de la nouvelle direction d’Air Sénégal. Depuis l’ouverture de la ligne, en mars 2021, 172 000 passagers ont été transportés pour 289 vols. Ce qui équivaut à un taux de remplissage moyen de 80%. En outre grâce à cette ligne, Air Sénégal détenait 65% de part de marché sur Douala.

Dans une lettre ouverte adressée au Président Macky Sall, un anonyme exprime son désaccord par rapport à cette décision en estimant qu’«il y a d’autres motivations derrière».

L’Observateur rapporte que des voix autorisées à Air Sénégal prennent le contrepied des protestataires. Elles invoquent des raisons exclusivement économiques, signalant que malgré un taux de remplissage élevé, les vols à destination de l’Afrique centrale sont parmi les plus déficitaires du réseau de la compagnie nationale.

Les sources du journal parlent de pertes de plus de 10 milliards de francs CFA par an. «C’est absolument abyssal et intenable», affirment ces dernières. Elles expliquent : «Sur cette route, (il ne faut) pas se fier au remplissage, car les tarifs sont ultra bradés, anormalement bas, deux fois inférieurs à ce qu’ils devaient être.»

Les mêmes sources embrayent : «Pour espérer équilibrer la ligne aux tarifs moyens actuels, il faudrait un taux de remplissage à plus de 160% (donc impossible) pour ne pas perdre d’argent. La décision de suspension est donc économiquement ultra rationnelle et justifiée, si l’on vise effectivement l’objectif de l’équilibre financier pour la société.»

Elles ajoutent : «Air Sénégal ne peut pas vivre en permanence sous perfusion d’argent étatique. Il lui faut équilibrer ses comptes avec une gestion rigoureuse et basée sur les seules réalités financières et de marché.»

Si la suspension des vols vers l’Afrique centrale (fermeture temporaire, précise-t-on à Air Sénégal) soulève des vagues, celle de l’axe New York-Baltimore fait l’unanimité. «Cette ligne devrait être fermée depuis longtemps. C’est un gâchis», tranchent des voix qui se sont confiées à L’Observateur.