«Parfois l’une griffe l’autre jusqu’au sang» : le récit poignant d’une mère de jumelles siamoises

«Parfois l’une griffe l’autre jusqu’au sang» : le récit poignant d’une mère de jumelles siamoises

Yacine Ndiaye, 22 ans, est mère de quatre enfants dont deux siamoises nées le 4 septembre dernier. Elle a confié à L’Observateur son difficile quotidien, suspendue à une décisive radiographie du cœur de ses bébés.

Une radiographie décisive

« (…) C’est dès le 4e mois de grossesse que les médecins m’ont informée que je portais des siamoises. Après l’accouchement, mes bébés ont été retenus pendant 44 jours à la crèche de l’hôpital Dalal Jàmm. Elles souffraient d’une infection, il était impératif que les médecins la traitent d’abord. Elles seront ‘libérées’, mais les médecins m’avaient demandé de les ramener au bout de six mois afin de leur faire passer une radiographie du cœur, vu qu’elles n’atteignaient pas le poids requis (10 kg). Aujourd’hui, elles pèsent 9,5 kg. Le médecin a donc décidé d’anticiper les analyses, radiographies et scanners. Nous avons entamé la procédure. Si chacune a ses propres organes, il sera possible de faire l’intervention chirurgicale au Sénégal. Dans le cas contraire, il faudra envisager les démarches pour les faire opérer en dehors du pays.

«Je n’ai presque plus de vie»

«Quand l’une se réveille et veut se lever, je suis obligée de réveiller l’autre. Je passe mes nuits et mes journées à les soulever, les tenir et les coucher. Je ne peux pas les nourrir convenablement au sein, donc je suis obligée de leur donner le biberon. Pour leur bain, elles le prennent couchées. Je nettoie une face avant de les retourner pour nettoyer l’autre partie. C’est cela mon quotidien. C’est ma belle-mère qui m’assiste. Nous nous alternons au chevet des jumelles toute la nuit. Je ne dors plus que d’un œil et je me nourris à peine. Elles demandent une surveillance systématique, sinon elles risquent de se blesser. Il arrive que l’une griffe l’autre jusqu’au sang. Je peux dire que je n’ai presque plus de vie.

Une prise en charge onéreuse

«S’occuper de bébés siamois coûte cher. Entre les rendez-vous à l’hôpital, le transport, les frais médicaux, les médicaments, les couches et le lait, c’est intenable. Pour le transport pour l’hôpital, nous sommes obligées de nous déplacer en taxi tous les jeudis, à raison de 5000 francs CFA la course. C’est comme cela depuis leur naissance. Rien que pour l’hospitalisation à la crèche, nous avons dépensé 1,6 million. Heureusement que des bonnes volontés ainsi que le directeur et le service social de l’hôpital nous ont appuyés, sinon nous serions incapables d’honorer une telle facture. Aujourd’hui, nous ne payons pas les tickets de consultation, mais nous nous acquittons des médicaments. C’est très difficile dans la mesure où je ne travaille pas. De même que leur père qui a des boulots occasionnels. En plus, il avait été mordu par un chien. Il était dans l’impossibilité de travailler.»

Le recours à Fann

«Nous avons eu à diffuser une vidéo sur Facebook pour demander de l’aide aux bonnes volontés. Par la suite, nous sommes allés à l’hôpital de Fann où on avait réussi, en 2018, à opérer avec succès deux jumelles siamoises (l’une décédera quelques jours plus tard, NDLR). Les médecins nous ont écoutés et donné des conseils avant de nous réorienter à l’hôpital Dalal Jàmm qui suivait le dossier depuis le début. Sur place, les médecins nous ont dit qu’il nous fallait faire une radiographie du cœur. Quelques jours plus tard, un médecin de l’hôpital pédiatrique de Diamniadio qui suivait l’affaire m’a contactée et demandé de lui amener les jumelles. Il assure désormais le suivi.»

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