Coût de la vie : comment l’État va faire respecter la baisse des prix

Coût de la vie : comment l’État va faire respecter la baisse des prix

Mettre en place des mesures d’accompagnement, renforcer les moyens de contrôle et maintenir le dialogue avec les acteurs. Voilà les leviers sur lesquels l’État compte s’appuyer pour une application effective des mesures issues des concertations sur la vie chère.

Le Président Macky Sall a annoncé hier, dimanche, onze mesures de baisse des prix destinées à rendre plus supportable le coût de la vie dans un contexte post-pandémie de Covid-19 et de guerre en Ukraine. Celles-ci ont issues des concertations sur la vie chère. Elles concernent, notamment, la plupart des denrées de première nécessité (riz, sucre, lait, huile…), le loyer, les frais de scolarité et les matériaux de construction.

Les associations de consommateurs applaudissent. Mais, elles s’interrogent sur l’effectivité des mesures annoncées et leur respect par les commerçants.

Sur ce chapitre, le ministre du Commerce, de la Consommation et des Petites et moyennes entreprises, Abdou Karim Fofana, se veut rassurant. «L’État a bel et bien les moyens de faire respecter la baisse des prix», a-t-il juré dans L’Observateur de ce lundi. En plus des moyens légaux de contrainte, les autorités misent surtout sur l’approche adoptée en amont pour arriver à ces baisses des prix.

Réactiver le contrôle économique
La première étape en vue de l’effectivité des mesures est leur promulgation par le chef de l’État. «À partir de mercredi au plus tard, tout doit être effectif», parie Alla Dieng, le directeur exécutif de l’Unacois-Yessal, interrogé par L’Observateur.

Ensuite, le ministre du Commerce est appelé à mettre en place un dispositif de contrôle. «Il suffit juste de bien informer et ramener le contrôle économique à sa juste valeur, suggère Abdou Karim Fofana. Le président de la République a pris les dispositions pour qu’on ait les moyens, des véhicules, du personnel de façon à pouvoir se rendre un peu partout pour effectuer ces contrôles.»

Mais pour plus d’efficacité, il faudra renforcer les effectifs des vérificateurs. «Les commissaires aux enquêtes économiques sont moins de 100 sur territoire national, à peu près 93. Il nous faut avoir des équipes assez fournies», réclame le ministre du Commerce, qui annonce le recrutement de 1000 jeunes volontaires «pour assister les vérificateurs, les contrôleurs».

Les vertus des concertations
Même s’il entend user de la dissuasion et de la coercition pour faire appliquer ses mesures contre la vie chère, l’État fonde beaucoup d’espoir sur l’approche inclusive qui a abouti aux baisses annoncées. Le lancement de larges concertations avec l’ensemble des acteurs ont conduit à une adhésion de ces derniers.

«Ces prix que nous venons de fixer sont des prix qui ont été discutés avec tous les acteurs, souligne Abdou Karim Fofana. Nous ne les avons pas imposés. C’est dans le cadre de discussions, d’échanges et l’avis de chacun a été pris en compte pour qu’on puisse avoir la structure des prix.»

Secrétaire général de l’Unacois-Jappo, Ousmane Sy Ndiaye acquiesce : «Globalement, les onze mesures présentées par le chef de l’État sont conformes au rapport des commissions ; rien n’a été changé. Elles suivent à la lettre les conclusions des acteurs économiques qui ont siégé. À ce titre, le panier de la ménagère devrait, dès cette semaine, connaître une relative baisse pour les denrées concernées.»

Lancées le 26 septembre par le chef de l’État, les concertations sur la vie chère ont duré trois mois. Elles ont réuni commerçants, industriels, transporteurs, paysans, pêcheurs, associations de consommateurs et ferrailleurs, notamment. Pour chaque secteur concerné, une commission a été mise en place. Chaque commission a produit un rapport sectoriel ; lequel a été versé au rapport général, base des mesures de baisse des prix.

En initiant de telles concertations, le gouvernement a voulu éviter l’échec de la dernière tentative de baisse des prix de certaines denrées (riz, huile et sucre), en mars dernier. L’Observateur rappelle que «l’Unacois-Jappo avait été la première a rejeté cet arrêté». «Pour cause, souligne le journal, le gouvernement n’avait pas assez pris en compte les difficultés des acteurs économiques à appliquer une baisse dans un contexte mondial d’inflation.»

Le gouvernement ne veut pas tomber dans les mêmes travers. D’autant que le Président Macky Salllui a demandé de maintenir un dialogue avec les acteurs concernés, en vue d’une application effective des mesures prises et pour la stabilisation des prix.

Mesures d’accompagnement
Avec les acteurs, les pouvoirs publics ne se sont pas limités à tenir des concertations et à adopter des mesures de baisse des prix. Ils se sont engagés à aller plus loin. Le gouvernement promet des mesures d’accompagnement.

Celles-ci seront au menu de la rencontre, prévue ce lundi, entre, d’une part, le Premier ministre et le ministre du Commerce et, de l’autre, les associations des commerçants. Au cours de cette rencontre, il sera question, d’après L’Observateur, «de trouver un compromis autour des subventions et de la compression des marges».«On ne peut pas demander aux commerçants de vendre à perte», approuve le secrétaire général de l’Unacois-Jappo.

Dans cette perspective, par exemple, l’Unacois-Yessal espère que l’État acceptera de supporter le différentiel pour les marchandises déjà dédouanées et mises sur le marché.

Globalement, l’État va mobiliser en 2022 632 milliards de francs CFA pour une application effective de la baisse des prix adoptée. En 2023, selon le ministre du Commerce, l’enveloppe passera à 645 milliards.   

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