(Dossier) Recrudescence de la violence au Sénégal : la peur gagne du terrain
Arrêt bus de Fass Mbao, des passagers entendent sagement un car pour joindre Dakar. La psychose des cas de meurtres, agressions violentes, vols et cambriolages, viols et autres violences est tellement persistant que les gens ont même peur d’en parler, dans à la presse. «Désolé Madame, j’ai peur… de la presse» où «excusez-moi Madame, je n’ai pas d’idée», sont les réponses de personnes interpellées sur le sujets. Après plusieurs individus ayant décliné notre interpellation, voilà que Libasse Laye Samb, habitant de Yoff, accepte d’en parler. «Nous avons tous remarqué qu’au Sénégal, la violence est énorme, les meurtres, l’insécurité en grosso modo. Cette recrudescence de la violence a fait qu’aujourd’hui toute la population a peur. Ce qui est malheureux, c’est que personne n’est en sécurité. La grande question est : à qui faire confiance de nos jours ?», dit Libasse.
Et M. Samb de lancer un appel au gouvernement pour plus de sécurité. «Je lance un appel à l’Etat du Sénégal pour qu’il déploie la Police et la Gendarmerie dans les quartiers, les villages, les villes, partout. L’insécurité a gagné du terrain, en commençant par la banlieue où on voit rarement des patrouilles de Polices. Les agresseurs attaquent parce qu’ils savent qu’il n’y aura personne à leur poursuite. Il fait qu’il y ait des patrouilles en permanence, avec des relances à chaque fois. De ce fait, l’insécurité, l’agression et les crimes pourront disparaître de notre cher pays», a-t-il dit. Avant d’ajouter : «il faut aussi que l’Etat aide la jeunesse. C’est vrai que l’insécurité est extrême, mais aussi les jeunes n’ont pas de boulot. Et c’est ce manque d’emploi qui les pousse à agresser, même si ce n’est pas une raison. Il est temps que l’État épaules sa jeunesse», a alerté Libasse Laye Samb.
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Lui emboitant le pas, Lamine Djité, enseignant rencontré à Pikine Texaco, a lui fait un constat amère, mais tout de même factuel. «Les principales causes de la recrudescence des violences pourraient être à la fois sociétales et sociales. Sociétales parce que nous avons malheureusement une société malade de ses valeurs, de ses convictions, de ses repères, de ses références… aspirant à adopter une autre société et surtout occidentale dont nous ne serons jamais les bienvenus pour juste raison, parce qu’il y a choc de cultures. L’autre cause qui semble être le tronc ou les feuilles de l’arbre qui est naturellement celle sociale s’explique par les disparités socioéconomiques très en vue, avec les nantis qui non seulement ne font pas 10% de la population, mais aussi représentant en grande partie nos hommes politiques qui s’enrichissent avec beaucoup d’arrogance dans le dos des Sénégalais. Malheureusement ils prennent la politique comme un moyen d’ascension sociale», dénonce M. Djité qui y ajoute «le manque de confiance en soi, la dépendance financière des jeunes surtout causée par le sous emploi, la mauvaise politique de réinsertion des jeunes à la formation et à entreprenariat de la part de l’Etat, les jalousies internes, les trafics de personnalité, etc.».
Selon Lamine, «pour éradiquer ce fléau qui gangrène la société, il nous faut un Etat fort qui fait face à ses responsabilités, en distribuant la richesse du pays aux ayants -droit ; histoire de pondérer la tension sociale. Mais surtout promouvoir une vraie politique d’emploi pour la jeunesse car occupant plus de 65% de la population ; encore que cette jeunesse doit être utilisée comme un atout et non comme un frein au développement…», note l’enseignant M. Djité.