Les temps forts de la présentation du film « Tirailleurs » à Dakar

Les temps forts de la présentation du film « Tirailleurs » à Dakar

Un tapis rouge, des flash qui crépitent, des salles pleines… Dakar a vibré pour la présentation du film « Tirailleurs », en hommage aux centaines de milliers d’Africains qui se sont battus pour la France pendant la Première guerre mondiale.
« Omar, un sourire pour la photo », lance mardi soir une jeune Sénégalaise à l’adresse de la star française Omar Sy, cherchant dans la cohue un peu d’espace pour faire sa mise au point avec son smartphone. L’acteur se prête à l’exercice, visiblement heureux et impatient de montrer son dernier film dans son pays d’origine.

« Tirailleurs », du réalisateur Mathieu Vadepied, raconte l’histoire du jeune Thierno, recruté de force dans un petit village sénégalais par l’armée française en 1917, et de son père qui s’enrôle volontairement pour veiller sur lui dans l’horreur des tranchées.
Ils furent ainsi plus de 200.000 à se battre pour la France au cours de la Grande guerre.
« C’est complètement mon histoire. C’est complètement mon identité », dit Omar Sy, également coproducteur du film.
Il a invité ses amis, sa famille et l’équipe sénégalaise du long-métrage. « Beaucoup d’émotions », confie-t-il à l’AFP. Ce film, « c’est juste pouvoir rappeler et reconnaitre ce que ces hommes ont apporté dans cette histoire ». « Notre génération en avait besoin », insiste celui qui s’exprime dans le film en peul, sa langue maternelle.
« On est très heureux de montrer ça aux spectateurs sénégalais et de rendre hommage ici à tous ces soldats qui ont participé à ces guerres. Cette histoire entre la France et le Sénégal, et les autres pays d’Afrique, c’est une histoire lointaine et commune maintenant. On est ensemble », abonde Mathieu Vadepied.
DébatsLe tout nouveau cinéma Pathé de Dakar, l’un des plus grands d’Afrique de l’Ouest, a organisé une soirée spéciale pour l’avant-première du film au Sénégal, où il sort le 6 janvier après sa sortie en France le 4.
Dans les salles, des VIP, tels que les chanteurs Youssou N’Dour et Ismaël Lo, mais aussi des anonymes, des Dakarois, des Franco-Sénégalais revenus voir leur famille pour les fêtes de fin d’année, et des Français. Plus une place n’était disponible.

A la sortie, les spectateurs se retrouvent par petits groupes et livrent leurs impressions sur le film et sur l’Histoire.
Le sentiment d’injustice est vif. « Il y a une sensation de colère et de tristesse en regardant ce film. Ce sont nos ancêtres qui sont allés défendre une patrie qui n’est pas la nôtre », déclare Mohamed Seck, étudiant sénégalais de 23 ans.
Pape Malick Thiam, 30 ans, regrette une représentation « négative » de certains tirailleurs, « qui se querellent entre eux » et « dont l’un des héros finit par abandonner ses valeurs religieuses au contact des blancs ».
« C’est une injustice mais on peut aussi le prendre positivement parce qu’il fallait bien que nos grands-parents aident un peu la France », dit de son côté Moustapha Ndiaye, 37 ans.
 « Essentiel »Pour tous, l’image du tirailleur est associée au manque de reconnaissance et au massacre de Thiaroye, où des dizaines de soldats africains qui s’étaient révoltés pour réclamer des arriérés de solde furent tués par l’armée coloniale française le 1er décembre 1944.
Le besoin de voir cet épisode porté à l’écran semble réel. « Il faut que les gens aillent voir ce genre de films. C’est très important de mettre les tirailleurs en valeur et de montrer ce qu’ils ont fait pour la France, surtout qu’on n’en parle pas beaucoup à l’école », estime Athiel Gaye, une Franco-Sénégalaise de 29 ans qui a grandi en France.
« Ce genre de films est essentiel », confie Salomé Ba, étudiante franco-sénégalaise de 21 ans qui a beaucoup lu sur le sujet. « On en a besoin pour toucher les esprits et pour le devoir de mémoire. On ne va pas tous ouvrir des livres de 500 pages ».
Le sujet des tirailleurs, « je l’ai beaucoup abordé avec ma famille française. Côté sénégalais, on en parle beaucoup moins, comme tout ce qui a trait à la colonisation. Il y a encore une sorte de tabou ici. On ne peut se défaire de cette blessure aussi facilement », estime-t-elle.

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