Pêche illicite non déclarée et non réglementée : Les pertes annuelles de 26 millions de tonnes de poisson
Les captures de pêche Inn sont estimées annuellement à 26 millions de tonnes de poissons, d’une valeur d’environ 23 milliards de dollars. Pour contrer cette pratique irrégulière aux conséquences majeures et multiples, les Etats-parties de l’Accord Psma sont en conclave à Dakar depuis hier pour cinq jours.
A l’échelle mondiale, la pêche Illicite non déclarée et non réglementée (Inn) est responsable de captures annuelles allant jusqu’à 26 millions de tonnes de poissons d’une valeur pouvant atteindre 23 milliards de dollars, environ 11 500 milliards de francs Cfa. Cette mauvaise pratique constitue, selon l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (Fao), une menace majeure non seulement pour la durabilité des ressources halieutiques, mais aussi pour les écosystèmes marins en général.
«La pêche Inn menace également les moyens de subsistance des pêcheurs légitimes, y compris les pêcheurs à petite échelle, et leur propre sécurité alimentaire», dénonce Mehdi Drisse, fonctionnaire principal chargé de Programme au bureau sous-régional pour l’Afrique de l’Ouest. Il s’exprimait hier à l’atelier de coordination régionale sur l’Accord relatif aux mesures du ressort de l’Etat du port en cours depuis hier jusqu’au 7 octobre.
En 2020, souligne-t-il, 13% des captures marines mondiales provenaient des zones de pêche entourant le continent africain et le Proche-Orient, ainsi que la mer Méditerranée. «Ces mêmes zones de pêche représentaient entre 35 et 63% des stocks pêchés à des niveaux non durables. Tout obstacle qui entrave notre objectif de pêche durable, tant aux niveaux national, régional que mondial, doit être résolument levé», appelle Mehdi Drisse.
L’Accord sur les mesures du ressort de l’Etat du port (Psma), qui regroupe actuellement 72 Parties, est le premier accord international contraignant visant spécifiquement la pêche Inn. Son objectif est de prévenir, dissuader et éliminer la pêche illicite en empêchant les navires pratiquant cette activité d’utiliser les ports et débarquer leurs prises. «De cette façon, le Psma réduit la poursuite de ces activités illégales, en empêchant également ainsi les produits dérivés de la pêche illicite d’inonder les marchés nationaux et internationaux», a soutenu M. Drisse.
La réunion en cours témoigne, selon lui, de la volonté commune des parties prenantes à travailler ensemble, afin de coordonner la mise en œuvre de l’accord et contribuer au processus d’élaboration d’une stratégie visant à améliorer son application efficace.
«Avec la volonté de nos Etats, notamment dans le renforcement des arsenaux juridique et administratif, nous parviendrons sans doute à une gestion plus rigoureuse des ressources et promouvoir davantage leur durabilité», dira Ibrahima Diaw, directeur de la Protection et de la surveillance des pêches. A l’en croire, le Sénégal a progressé par rapport aux pertes liées à la pêche Inn grâce aux nombreux artifices mis en œuvre par le pays sur les plans légal, institutionnel et administratif pour lutter efficacement contre ce fléau.
A ce jour, 71 Etats et l’Union européenne, au nom de l’ensemble de ses 27 Etats membres, sont déjà parties à l’Accord Psma, et au moins deux autres Etats sont actuellement en passe de devenir parties. «Cela signifie que le Psma sera bientôt adopté par 100 pays dont 42 d’Afrique, du Proche-Orient et de la Méditerranée», se réjouit le fonctionnaire principal chargé de Programme au bureau sous-régional pour l’Afrique de l’Ouest.
Environ 80 délégués d’États d’Afrique, du Proche-Orient et d’Europe, ainsi que des organismes régionaux de pêche travaillant dans la région, sont en réunion à Dakar pour la prochaine réunion de coordination régionale sur l’Accord de la Fao relatif aux mesures du ressort de l’Etat du port (Psma) pour l’Afrique, le Proche-Orient et la Méditerranée. La tenue de cette rencontre à Dakar témoigne la reconnaissance faite du rôle majeur que joue le Sénégal dans le secteur des pêches.
Le Psma, qui est entré en vigueur en 2016, est le premier accord international contraignant à cibler spécifiquement la pêche Inn.
A terme, la réunion fera le point sur l’état et l’application du Psma dans la région, abordera les défis propres à la région et les stratégies régionales de mise en œuvre des mesures du ressort de l’Etat du port, y compris par l’intermédiaire des organismes régionaux de pêche compétents. La rencontre coordonnera les préparatifs des prochaines réunions mondiales du Psma, y compris la quatrième réunion des parties au Psma.