Un ex-policier londonien condamné à la perpétuité pour des dizaines de viols
Pendant deux décennies, la police de Londres employait l’un des pires prédateurs sexuels de l’histoire récente du Royaume-Uni: David Carrick a été condamné mardi à la prison à perpétuité pour des dizaines de viols et agressions sexuelles sur douze femmes.
« Vous avez profité de façon monstrueuse des femmes », a déclaré la juge Bobbie Cheema-Grubb en rendant son jugement, qui conclut une affaire aggravant la crise de confiance plombant Scotland Yard, sourde aux alertes concernant l’un de ses agents. « Vous vous êtes comporté comme si vous étiez intouchable », parce qu’étant membre de la police, a-t-elle ajouté.
Dans le box, David Carrick, 48 ans, a gardé la tête baissée et les yeux fermés tout au long de la lecture du prononcé de sa peine, assortie d’une période de sûreté de 30 ans.
Il était poursuivi pour au moins 85 infractions, dont 48 viols, qui se sont produits entre 2003 et 2020. Pendant cette période, il avait été promu pour intégrer l’unité d’élite de la police de la capitale chargée de la protection du Parlement et des représentations diplomatiques.
« Les crimes de David Carrick sont une tache sur notre police », a réagi dans un communiqué la ministre de l’Intérieur Suella Braverman, rendant hommage aux victimes « courageuses » de Carrick. « Il n’y a pas de place pour de tels comportements prédateurs et odieux dans notre police ».
La police a raté neuf occasions d’arrêter ce violeur en série qui a pu sévir pendant 17 ans. Il a finalement été interpellé en octobre 2021 pour une première affaire de viol, poussant d’autres victimes à se manifester.
« Ces femmes ne sont pas faibles (…) elles ont été les victimes de votre cerveau criminel », a asséné la juge.
– Confiance « ébranlée » –Ayant plaidé coupable, Carrick n’a pas eu de procès, mais deux jours d’audience lundi et mardi pour déterminer sa peine à la Southwark Crown Court à Londres.
Lundi, le procureur Tom Little avait livré un éprouvant récit des agressions « systématiques » commises par David Carrick en reprenant le récit de ses victimes qu’il « humiliait ».
Il usait de son « charme », a-t-il expliqué, pour « séduire et tromper » ses victimes, et de son statut pour dissuader ses victimes de dénoncer ses agissements.
A une femme rencontrée dans un bar en 2003 il s’était présenté comme « la personne la plus sûre avec qui elle pouvait être », selon le procureur, avant de placer son arme sur sa tête et de la violer à plusieurs reprises.
Une autre encore a raconté avoir été frappée avec un fouet, enfermée dans un placard et sifflée comme un chien, Carrick la traitant comme sa chose, qui lui « appartenait et devait lui obéir ».
Toutes ont dit avoir eu peur de parler parce qu' »elles pensaient qu’on ne les croirait pas parce que vous étiez un policier », a insisté la juge.
A cause de cette affaire et d’autres, dans la quelle la police « n’a pas été suffisamment rigoureuse », « il y a des femmes dont la confiance en la police est profondément ébranlée », a regretté le chef de Scotland Yard, Mark Rowley, cité dans un communiqué. « Nous sommes plus déterminés que jamais à rectifier le tir ».
– Onde de choc –Mark Rowley a lui-même été nommé après l’onde de choc provoqué il y a moins de deux ans par l’affaire Sarah Everard, une Londonienne de 33 ans enlevée, violée et tuée par un agent de la police de la capitale, depuis condamné à la prison à vie. La police avait ignoré des signaux alarmants sur le comportement du ravisseur, Wayne Couzens.
L’enquête indépendante ouverte après cette affaire a été élargie à l’affaire Carrick.
La police de Londres a indiqué que 1.633 affaires d’agressions sexuelles ou de violences domestiques présumées impliquant plus de 1.000 officiers et agents ces dix dernières années seraient réexaminées pour s’assurer que les décisions appropriées avaient bien été prises.
Elle a annoncé mardi qu’un nouveau policier londonien avait été inculpé de viol.
« Il ne doit pas y avoir d’échappatoire pour les personnes qui abusent de leur position de confiance et de leur autorité au sein de la police », a réagi le maire de Londres Sadiq Khan.